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Zoom Afrique du 16 mai 2024

Zoom Afrique du 16 mai 2024

Les titres de la rédaction :

  • L’Égypte avance dans la construction d'un parc éolien de 10 GW
  • Nigeria : 1,2 GWh par an d’électricité photovoltaïque pour le nouveau terminal à conteneurs
  • La RDC demande un embargo international sur les exportations de minerais depuis le Rwanda
  • Guinée : une flotte de nouveaux bus annoncée pour régénérer le transport en commun à Conakry

Les titres de la rédaction :

1. Mali: l’État récupère la mine de Morila et obtient 30% dans la toute première mine de lithium du pays 

Cependant son exploitation est l’apanage exclusif des multinationales étrangères. Ce qui ne profite pas bien non seulement à l’État mais aussi aux populations. Avec la mise en œuvre du nouveau code minier, la donne est en train de changer. 

En effet, le nouveau code minier, qui ne s’applique qu’aux nouvelles exploitations, laisse une place de choix à l’État dans le contrôle de ses ressources minières. Ainsi, dans le cadre de la résolution d’un litige qui l’oppose à Firefinch, Leo Lithium et le chinois Ganfeng Lithium, l’État malien a racheté la mine de Morila et a obtenu 30% d’intérêts dans la première mine de lithium. 

Selon des sources bien introduites, la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA), la compagnie publique malienne, rachètera la mine de Morila. Ce rachat s’inscrit dans le cadre de la résolution du litige. Avec plus de 200 tonnes d’or livrées au cours de ses deux décennies d’existence, Morila est l’une des mines les plus productives du Mali. Firefinch l’a acquise en 2020 avec pour objectif de redonner une nouvelle jeunesse à cet actif en fin de vie. C’est cette mine qui passera finalement sous le contrôle de l’État. C’est du moins l’information donnée le 8 mai par son actuel propriétaire australien Firefinch qui annonce la vente de la mine à la Société de Recherche et d’Exploitation des Ressources Minérales du Mali (SOREM-SA) pour un dollar symbolique.

Cela marque la fin de l’ambitieux projet de Firefinch consistant à redonner une nouvelle jeunesse à la mine d’or Morila. Exploitée pendant deux décennies avec plus de 7,5 millions d’onces d’or livrées sur cette période, Morila a été rachetée en 2020 par Firefinch. La compagnie australienne a ensuite mis en place un plan pour exploiter la mine jusqu’en 2030, avant de se résoudre à vendre Morila, faute de liquidités pour soutenir les activités. Et ce n’est pas tout. Toujours dans le cadre du règlement du différend, Ganfeng s’est engagé à verser 60 millions de dollars au gouvernement malien, au nom de Leo et de Firefinch. 

Selon Firefinch, Bamako a initialement opposé son véto au processus de vente de Morila et exigé que cette transaction fasse partie de la résolution d’un autre litige relatif à la première mine de lithium du Mali, Goulamina, propriété de Leo Lithium et Ganfeng. 

Goulamina appartenait jusqu’en 2021 à Firefinch qui a créé Leo Lithium afin de confier son projet phare à une entité différente du propriétaire de la mine d’or de Morila. Or, le gouvernement malien considère les deux sociétés comme une seule entité et juge irrégulier le transfert de titre minier ayant permis à Leo Lithium de prendre le contrôle de Goulamina, expliquent les deux compagnies australiennes. 

"Toute conclusion selon laquelle les permis et licences de Goulamina qui sont invalides ou irréguliers aurait un impact négatif important sur Firefinch, compte tenu de la participation de 17,6 % de Firefinch dans Leo et de la participation de Leo dans Lithium du Mali SA [société malienne qui détient directement la mine Goulamina, Ndlr]", indique le communiqué de Firefinch qui justifie ainsi sa décision de signer l’accord de vente de Morila. Par ailleurs, l’accord a aussi consacré la participation de l’État malien dans Goulamina à hauteur de 30% au plus, contre 20%. 

Les intérêts de l’État malien dans la première mine de lithium du pays passent de 20 à 30%. 

Toujours selon certaines sources, le Mali devrait s’imposer en 2024 comme le premier producteur de lithium en Afrique de l’Ouest, grâce au projet Goulamina. Conformément au précédent code minier, le gouvernement aurait dû obtenir un maximum de 20% d’intérêts dans la première mine de lithium du pays. Mais avec le nouveau code minier, la première mine de lithium du Mali sera détenue à 30% par le gouvernement, avec 5% d’intérêts supplémentaires pour les investisseurs locaux. C’est l’annonce faite le 8 mai par la compagnie minière australienne Leo Lithium qui précise également avoir cédé sa participation dans Goulamina au chinois Ganfeng Lithium, déjà actionnaire du projet.

Depuis plusieurs mois, Leo Lithium et l’État malien mènent des discussions relatives à l’application du nouveau code minier adopté en 2023 par Bamako au projet Goulamina qui bénéficiait jusqu’alors des règles du précédent code. Pour l’État malien, le transfert du permis d’exploitation minière de Goulamina entre le précédent propriétaire Firefinch et le nouveau Leo Lithium s’est déroulé de manière irrégulière, nécessitant l’obtention d’un nouveau permis.

Leo Lithium a contesté cette irrégularité sans obtenir gain de cause, laissant donc le projet Goulamina dans une sorte de vide juridique empêchant le début de la production attendue cette année. Avec son partenaire de coentreprise chinois, la compagnie australienne est finalement parvenue à un accord avec les autorités maliennes, donnant gain de cause à ces dernières. En conséquence, le projet sera entièrement piloté par Ganfeng Lithium qui devrait débourser 342,7 millions de dollars pour acquérir la participation de 40% de Leo Lithium.

A noter que l’entrée en production du gisement Goulamina est désormais attendue au troisième trimestre 2024, ce qui fera du Mali le premier producteur ouest-africain de lithium. La mine est exploitable sur une durée de vie de plus de 23 ans, avec une production annuelle pouvant atteindre 1 million de tonnes de concentré de spodumène. 

2. Côte d’Ivoire : Gbagbo candidat en 2025 

Laurent Gbagbo, l’ancien président de la Côte d’Ivoire, a fait une grosse annonce. 

Lors d'une cérémonie à Abidjan, il a déclaré son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2025 tout en reconnaissant les obstacles juridiques qui se dressent devant lui. Malgré son inéligibilité actuelle, Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien et désormais opposant politique, a été officiellement investi par son parti, le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI), en tant que candidat à l'élection présidentielle prévue fin 2025.

Ancien chef d'État ivoirien devenu opposant, Laurent Gbagbo, a été investi vendredi à Abidjan par son parti comme candidat à l'élection présidentielle prévue fin 2025, bien qu'il soit radié des listes électorales et donc, pour l'heure, inéligible. "J'accepte d'être votre candidat", pour la présidentielle prévue en octobre 2025, a-t-il annoncé lors d'une cérémonie de sa formation, le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI). Dans son discours de plus d'une heure prononcé en fin de journée devant un millier de partisans, l'homme politique s'est engagé "à faire un seul mandat (...) mais un mandat où tout sera bouclé". 

Acquitté par la justice internationale de crimes contre l'humanité lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011, il avait été condamné en 2018 dans son pays à 20 ans de prison pour des faits liés à cette crise. Gracié en 2022 par l'actuel président Alassane Ouattara, un an après son retour après avoir trouvé exil en Belgique, il n'a cependant pas été amnistié ce qui l'empêche d'être réinscrit sur les listes électorales. Vendredi, Laurent Gbagbo a esquissé un début de programme politique, annonçant des mesures pour mettre fin à la corruption, rendre la justice plus indépendante, désendetter le pays, créer un meilleur système de santé. 

Durant la crise post-électorale de 2010-2011, la France a joué un rôle controversé. Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France, ancienne puissance coloniale de Côte d'Ivoire, a apporté son soutien à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté internationale comme le vainqueur de l'élection présidentielle. L'intervention de la force Licorne, présente en Côte d'Ivoire dans le cadre des accords de défense, ainsi que le soutien apporté par l'ONU, ont contribué à l'arrestation de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. Cette intervention a été vivement critiquée par beaucoup d’Ivoirien, qui l'ont perçue comme une ingérence dans les affaires internes du pays. Suite à ces ingérences étrangères, environ 3 000 personnes sont mortes. "Il faut réconcilier les Ivoiriens", a affirmé Laurent Gbagbo. 

Il confirme qu’un seul mandant lui suffira pour remettre les choses en ordres.  

"Une fois de plus, une fois encore, j’accepte d’être votre candidat pour aller à la bataille.  

Parce qu’il s’agit de la Côte d’Ivoire et il s’agit de l’Afrique. C’est chez nous !  

L’Afrique, c’est chez nous ! 

La Côte d’Ivoire, c’est chez nous ! Eh nous ne pouvons pas laisser les autres se battre pour nous.  

Nous devons nous battre pour nous-mêmes. Je vous le dis, en vérité, en vérité : sans combats, nos pays n’auront rien. 

Vous croyez que quand nous nous battons à longueur d’années, quand nous allons en prison, c’est parce que nous aimons la prison ? C’est parce qu’il y a des combats à mener. 

Je suis candidat pour 2025 et je pense que je vais faire un seul mandat seulement pour fixer les clous. Ils ont tellement mal géré qu’il faut fixer les clous.  

Qui a fait la rébellion ?

Ce ne sont pas les enfants que nous voyons là ? Qui a pensé à la rébellion ? Qui a fait le coup d’État de 1999 ? Qui a créé tous ces conflits ?  

On dit les femmes sont décédées à Abobo, mais il faut qu’on trouve qui les a tuées.  

Qui sont ceux qui ont créé toutes ces situations qui nous ont envoyés là où nous ne devrions pas être.  

Il faut discuter et réconcilier les Ivoiriens…", a lancé Laurent Gbagbo. 

3. Niger-Bénin: l'escalade d'un cran

Les relations entre le Niger et le Bénin ne cessent de se détériorer malgré la levée des sanctions économiques et commerciales prises par les pays de la Cédéao. Ces derniers jours, la décision relative au blocage de l’embarquement du pétrole nigérien, à partir de la plateforme de Sèmè Kpodji, au Bénin où atterrit l’oléoduc a provoqué l’orage entre les deux voisins immédiats. Jusqu’où cette escalade peut-elle aller ? 

En dépit de la levée des sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest, le locataire du palais de la Marina (la résidence officielle du président de la République du Bénin), Patrice Talon cherche en vain la normalisation des relations diplomatiques entre son pays et le Niger en filigrane et la réouverture de la frontière avec le Niger. 

Malgré toutes les démarches menées par le gouvernement de Cotonou (l’envoi de messages et particulière du chef de la diplomatie béninoise comme envoyé du Bénin au Niger) pour la réouverture de la frontière côté nigérien, ces différentes démarches n’auront visiblement donné aucun résultat escompté car les autorités nigériennes restent méfiantes et perçoivent le Bénin comme un État ennemi à la solde de la France et des États-Unis depuis que ce dernier a soutenu la décision de la Cédéao d’intervenir militairement au Niger pour réinstaurer l’ex-président nigérien Mohamed Bazoum. 

En plus de la question de la réouverture des frontières, qui reste toujours en suspens, les enjeux diplomatiques et économiques sont désormais au cœur des débats. 

Ces derniers jours, une vive tension règne entre les deux pays, suite à la décision du gouvernement béninois de bloquer l’embarquement du pétrole brut nigérien via le pipeline Export. Cette mesure prise par le président Patrice Talon a créé un obscurcissement d’incertitude sur les relations entre les deux États voisins déjà tendues. 

"On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir notre coopération et nos moyens", a fait savoir le président béninois tout en déplorant l’attitude condescendante du Niger qui n’a pas averti les autorités béninoises sur l’arrivée d’officiels nigériens dans son pays dans le cadre de l’inauguration du pipeline. 

Pour la reprise du projet, Patrice Talon pose des conditions. Et la première condition sine qua non posée par Talon est la réouverture des frontières terrestres et le rétablissement des relations avec Niamey. 

"Si demain Niamey accepte de coopérer, les bateaux pourront embarquer le pétrole nigérien", a-t-il formellement déclaré dans une interview. 

"Prendre le Bénin comme pays ennemi et répandre qu’il a massé des troupes étrangères à ses frontières pour attaquer le Niger est totalement ridicule", a conclu le locataire du palais de la Marina. 

Niamey de son côté se dit droit dans ses bottes. Lors d’une prise de parole, le Premier ministre, Ali Mahamane Lamine Zeine a expliqué qu’il appartiendrait d’abord aux entreprises chinoises de résoudre ce problème avec le Bénin, conformément à l’accord existant. 

"Si ce blocage devait survenir, il reviendrait d’abord aux Chinois de régler l’affaire avec les Béninois. Le Niger, quant à lui, s’en tiendrait au contenu de l’Accord", a fait savoir Ali Mahamane Lamine Zeine. Le Premier ministre nigérien a justifié la fermeture de la frontière avec le Bénin pour des raisons de sécurité nationale. Il a accusé le Bénin d’abriter des bases militaires françaises où seraient entraînés des terroristes destinés à déstabiliser le Niger. Pour la réouverture Zeine a exigé des garanties de sécurité avant d’envisager une réouverture de la ligne frontalière. 

Zeine a déclaré que l’un des accords d’exportation de pétrole stipulait que le Bénin ne pouvait pas modifier ou limiter unilatéralement les accords de quelque manière que ce soit sans le consentement des autres parties. 

"Cela signifie que le pays a accepté de ne prendre aucune décision susceptible d’arrêter l’écoulement du pétrole brut nigérien vers le marché international. C’est grave. Il s’agit de violation d’un accord", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. 

Les relations entre les deux pays sont tendues depuis que le coup d’État de juillet 2023 au Niger a conduit le bloc régional ouest-africain de la Cédéao à imposer des sanctions strictes pendant plus de six mois et également menacer le Niger d’une attaque militaire. 

Ce qui se passera ensuite n’est pas clair. Zeine a déclaré que le Niger ne se conformerait pas à la demande du Bénin de rouvrir complètement sa frontière. 

"Sur le territoire béninois, il existe des bases où dans certaines, des terroristes sont entraînés pour venir déstabiliser notre pays. C’est donc pour de simples raisons de sécurité que nous avons décidé de maintenir la fermeture des frontières", a déclaré Zeine, sans donner plus de détails sur les circonstances.  

"Nous rouvrirons la frontière lorsque nous serons certains que notre territoire sera sécurisé." 

Le Niger est aux prises avec des insurrections vieilles de dix ans dirigées par des groupes armés liés à Daech et à Al-Qaïda, deux groupes de mercenaires terroristes à la solde des États-Unis et des pays occidentaux, qui cherchent à étendre leur influence aux pays côtiers de la région centrale du Sahel, qui comprend le Niger, le Mali et le Burkina Faso. 

Au regard de cette tension, jusqu’où peut-elle aller cette bataille diplomatique entre les deux voisins ? Quelles sont les conséquences économiques pour le Niger et le Bénin de ce refus d’importer du pétrole ? 

En diplomatie, toutes les batailles se terminent autour d’une table et d’ores et déjà certains commentateurs pensent qu’il faut désigner tout de suite des intermédiaires pour leur permettre de se parler. 

En termes de conséquences économiques, Cotonou et Niamey sont interdépendantes. Avec cette pression et ingérence les deux pays ont beaucoup à perdre. Le Niger, qui traverse des difficultés économiques et financières, a beaucoup misé sur cet oléoduc pour exporter son pétrole et augmenter ses capacités de production. 

L’idée est d’exporter 90 000 barils par jour vers le Bénin. Selon les estimations, l’embargo sur ces exportations de pétrole devraient entraîner des pertes financières pour le Niger d’autant plus que Niamey a contracté un prêt auprès du partenaire chinois pour la commercialisation du pétrole à coût de 400 milliards de dollars avec un taux d’intérêt de 7 %. 

C’est une avance qu’il va falloir rembourser si ce blocage persiste. La décision de Cotonou impacte aussi l’économie béninoise. D’abord les recettes du Port de Cotonou et les recettes fiscales au point que le gel de ces exportations n'est pas du tout tenable pour le Bénin sur le long terme. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV